L’art et la culture, leviers d’accompagnement

Publiée le
06 mars 2019

De multiples initiatives en lien avec la créativité et l’imaginaire viennent soutenir les suivis et projets personnalisés des publics des établissements.

De la médiation culturelle aux ateliers thérapeutiques, l’éventail des démarches des établissements autour de l’art et de la culture est large. Éclairages à travers quelques exemples, en particulier des activités dont bénéficient les jeunes de l’Institut médico-éducatif parisien et un projet d’art-thérapie à la maison d’enfants de Haute-Savoie.

Projets artistiques hors les murs pour des élèves du Lycée privé professionnel, expositions de photos ou d’art plastique dans les établissements, ateliers créatifs et théâtre d’ombres au Foyer d’accueil médicalisé, art-thérapie à l’EHPAD, prestations musicales dans les deux hôpitaux, aux Appartements de coordination thérapeutique, au Centre Ressource-Paris… La Fondation cultive l’ouverture à l’art et à la culture pour tous ses publics. En complément des accompagnements spécialisés, ses établissements développent des d’initiatives diverses permettant aux personnes accueillies de s’extraire de leurs préoccupations ou souffrances, de mettre en jeu leur créativité, de s’exprimer avec autre chose que des mots, de faire de nouvelles rencontres, etc.

Développer la créativité et l’imaginaire, mais pas seulement

À l’institut médico-éducatif, par exemple, différentes activités sont mises en place
 pour les jeunes, toujours en
 lien avec leur projet 
individualisé : chant, ateliers créatifs avec 
une plasticienne, etc.
 Des sorties dans des
musées, expositions
 ou monuments historiques sont organisées régulièrement.
 Elles sont reprises la semaine suivante en atelier scolarité, activité photo, groupe langage... « Nous avons aussi des partenariats participatifs, cette année avec le Théâtre de la Ville, et tous les deux ans avec le Festival du Futur composé », note Clémence Henry, éducatrice spécialisée de l’IME, pour qui ces pratiques constituent un levier l’accompagnement. « Intégrer les jeunes dans des projets culturels, cela nous remet en question sur notre façon de les voir et de considérer notre travail. Souvent, nous constatons qu’ils ont plus de capacités que ce qu’on pensait, qu’on peut leur faire confiance, et qu’il faut donc continuer. »

Enrichissantes d’un point de vue visuel et intéressantes pour développer l’imagination qui manque à beaucoup de jeunes de l’IME, les sorties culturelles sont aussi l’occasion pour eux de se mêler à la foule, un atout pour l’intégration sociale. Et s’ils sont d’abord à visée créative, les ateliers d’art plastique peuvent aussi avoir un apport thérapeutique.

Prendre soin via l’art et la culture, notamment avec l’appui d’associations

L’exemple du partenariat noué avec l’association du Futur composé pour son festival est particulièrement parlant, car cette collaboration renforce l’estime de soi des jeunes de l’IME sélectionnés pour jouer sur la scène du Théâtre des Variétés à Paris (cf. photo ci-dessus : une répétition de la pièce Jeanne d’Arc dans laquelle ont joué six jeunes de l’IME en 2018). « Ce projet leur demande un gros investissement et des efforts de concentration », insiste Clémence Henry. « Mais, du début à la fin, on constate chez eux une réelle amélioration : moins de troubles du comportement, de stress, etc. Ils s’aperçoivent aussi qu’ils peuvent se “dépasser”. Tous les jeunes sont pris en compte dans ce Festival qui comprend aussi des animations et des expositions pour lesquelles nous travaillons de façon croisée avec les autres activités de l’IME. Cet événement est l’occasion pour eux de faire des rencontres et de vivre des moments marquants qu’ils pourront partager, notamment avec leurs proches venus voir ce qu’ils réalisent. »

D’autres établissements, en plus de leurs initiatives internes, font appel à des associations pour prendre soin de leurs publics, parfois à des fins récréatives ou de mieux-être. L’Hôpital Forcilles a ainsi fait entrer la musique dans les chambres des patients avec l’association Tournesol (photo ci-dessous), tandis que le Centre Ressource-Paris a organisé avec l’Hôpital Cognacq-Jay un spectacle de salsa en octobre 2018 donné par l’association Elles dansent, par exemple.

Davantage de lien, d’expression, de vie

Faire venir l’art et la culture au sein des établissements est aussi l’une des façons d’assurer leur perméabilité à la vie sociale, en complément des initiatives hors des murs. Cela peut passer, par exemple, par des interventions d’art-thérapeutes, comme depuis des années à l’EHPAD, ou comme le projet que monte actuellement la maison d’enfants de Monnetier-Mornex.

Ainsi que l’explique Céline Ropars, cheffe de service du pôle Enfants de cet établissement, « les 
emplois du temps
 bien remplis des enfants et la situation géographique de la 
maison ne simplifient
 pas l’accès à l’art et à
 la culture. Mais nous
 menons des projets à Annemasse, notamment avec l’espace culturel Château Rouge. Nous voulons aussi apporter davantage de vie à l’intérieur de notre maison via l’art et la culture. C’est pourquoi nous mettons en place un projet avec une art-thérapeute, qui est déjà intervenue ponctuellement. » Il s’agira d’un espace thérapeutique sous une forme ludique et dynamique, utilisant le support artistique qui facilite la création du lien. Une vingtaine d’enfants par an, soit cinq par trimestre (un groupe de quatre enfants et un suivi individuel) participeront à ces ateliers hebdomadaires.

Ainsi, en complément des différents accompagnements et suivis, tant au niveau de la scolarité que du soin, l’établissement souhaite aider les enfants à mettre des mots sur ce qu’ils vivent, car cela leur est régulièrement demandé. « En développant d’autres supports de médiation, comme l’art-thérapie, nous leur ouvrons de nouveaux terrains d’expression. Les professionnels considèrent que cet apport extérieur sera bénéfique pour croiser les regards, se rapprocher des besoins des enfants, et au final mieux les connaître », précise Céline Ropars, pour qui l’art-thérapie, et plus généralement l’art et la culture, peuvent permettre à des enfants qui ont vécu des situations difficiles de s’exprimer par d’autres biais et in fine d’aller mieux.

 

crédits photos : Mathieu Oui - Julie Balagué