Trois tables rondes au Centquatre-Paris

Publiée le
12 décembre 2016

Un large public pour « dire », « faire » et « imaginer » la solidarité sociale de demain.

Imaginer la solidarité sociale de demain : tables rondes

Le 2 décembre, à l’occasion de son centenaire et en partenariat avec le Centquatre-Paris, la Fondation Cognacq-Jay a organisé trois tables rondes ouvertes au grand public pour interroger la solidarité sociale et ses enjeux d’avenir.

C’est le journaliste Hervé Gardette, notamment producteur du « Grain à moudre » sur France Culture, qui a énergiquement animé ces rencontres en trois temps rassemblant des invités venus d’horizons très divers. Ceux-ci ont exposé leur vision et présenté leurs actions concrètes sur le thème « Inventer la solidarité sociale de demain ».

Temps 1 : dire

Le langage qui accompagne la solidarité sociale s’enrichit sans cesse de nouvelles notions ou en redécouvre d’anciennes. La précarité remplace le mot pauvreté. L’expression « bien commun » se substitue progressivement à « intérêt général ». On parle du « care ». On s’interroge sur le lien social, on fait appel à « l’empowerment », on explore les démarches collaboratives. On réfléchit aux noms que l’on donne aux personnes accompagnées, aux aidés, etc.

Des sociologues, des acteurs du terrain de la santé et du soin et aussi une auteure de science-fiction se sont exprimés sur le « dire » de la solidarité sociale d’aujourd’hui. Entre la réémergence de termes anciens comme « sollicitude » et l’emploi de mots que l’on n’attendait pas forcément comme « impôt », cités notamment par le sociologue Nicolas Duvoux, un jeu de questionnements est apparu entre des enjeux et expériences de terrain, à partir desquelles naissent de nouvelles pratiques et formulations, et une dimension institutionnelle de la solidarité sociale, de redistribution. De nouvelles pistes ont été explorées pour l'évolution de notre modèle social français vers encore plus de lien et plus d'efficacité institutionnelle.

Temps 2 : Faire

Cette table ronde réunissait des porteurs de projets qui, chacun à leur manière, donnent du sens à notre société. Leur « faire » investit tous types de lieux, institués ou non : des espaces culturels ou sociaux, des hôpitaux, des grands ensembles, jusque dans la rue ou chez les gens eux-mêmes. La solidarité y prend de multiples formes, parfois surprenantes, toujours riches de promesses. C’est ce qu’ont illustré les différents intervenants en présentant leurs actions, rappelant chacun à leur manière, comme l’a souligné Rémi Tricart, directeur général d’Emmaüs Défi, que l’innovation est essentielle pour apporter des solutions adaptées à quantité de besoins, émergents ou pas, et pour favoriser leur essaimage, plus que jamais nécessaire.

L'innovation existe bel et bien dans la façon de « faire » la solidarité sociale. Elle a d’ailleurs évolué avec de nouveaux acteurs, nés de la culture « start-up », qui développent des projets au cœur de l'économie sociale et solidaire, complétant ainsi l’offre institutionnelle ou associative.

Temps 3 : Imaginer

La solidarité sociale prend de multiples formes et vit, avec le XXIe siècle, des mutations profondes. Vieillissement de la population, précarisation du travail… Ces questions auraient pu être centrales, mais c’est finalement essentiellement sur l’hôpital que s’est cristallisée la discussion. L’occasion de bien comprendre qu’entre médecine hypertechnique et médecine d’accompagnement, les enjeux diffèrent.

De ces discussions passionnée, il ressort qu’avant d’avoir fait le tour du sujet « Imaginer la solidarité sociale de demain », de nombreux débats seront encore nécessaires.

On peut tout de même se mettre d'accord sur le fait que c’est bien la personne à laquelle on apporte un soutien, quelle qu’elle soit, qui donne le sens de toute action solidaire, comme l’a rappelé le directeur du Centquatre-Paris, José Manuel Gonçalvès.

Animations, interactions et décalage

Pour animer ces trois heures de débats, différentes animations étaient prévues. Deux artistes Bataclown ont mis en exergue les moments-clés des échanges et suscité de nombreux rires par leurs interventions impertinentes et pas si loufoques que cela. La linguiste Aurore Vincenti, qui intervient sur France Inter, a jonglé avec les mots recueillis au cours des interventions et rappelé le sens d’une sélection d’entre eux. Et pour permettre l'interaction avec les publics, un nuage de mots,  imaginé par l’artiste Isabelle Bonté-Hessed2 reflétait les termes ayant retenu l’attention du public, envoyés via SMS ou tweet. Une fresque de synthèse des débats était également dessinée en direct par Aline Rollin.

Côté décor, celui qui abritait ces conférences se devait d’être à l'image de la thématique. Fait de meubles recyclés, dessinés par Pierre Chanson et réalisés par une salariée d'Emmaüs Made, il constituait une sorte d’appel au voyage dans le monde de la solidarité sociale.