Distanciel : vers des pratiques durables

Publiée le
03 novembre 2020

Révélant certaines limites mais aussi d’inattendus atouts, l’acculturation express et massive au numérique en 2020 a ouvert des voies collaboratives à forts potentiels solidaires.

S’il a mis en exergue des inégalités d’accès et des fractures d’usage, l’essor d’utilisation des outils numériques a aussi accéléré l’émergence de solutions pour poursuivre les accompagnements médico-sociaux, assurer la continuité pédagogique, maintenir des événements solidaires, etc. Quelques exemples au sein de la Fondation, annonciateurs d’alternatives pour le deuxième épisode de confinement et, plus généralement, pour l’avenir.

Le confinement du printemps 2020 et la nécessité de continuer les accompagnements à distance n’ont pas eu que des effets négatifs. Ils ont même parfois boosté des projets qu’il paraissait compliqué de mener à bien, en particulier dans des structures dont l’ADN est basé sur les relations humaines IRL (in real life).

Des effets inattendus, révélateurs d’opportunités

Ainsi, à l’Institut médico-éducatif de la Fondation, qui accueille des jeunes présentant des troubles du spectre autistique, le confinement a accéléré l’intention de l’équipe d’impliquer davantage les parents. Bien au-delà de ses attentes, les accompagnements des jeunes à distance via les outils numériques ont permis de développer la confiance entre parents et éducateurs et de découvrir d’autres facettes et compétences des jeunes. Depuis, l’établissement a engagé la mise en place d’une infrastructure informatique adaptée à ses besoins de plus d’agilité et d’échanges sécurisés. Il s’est également lancé dans l’utilisation d’outils de réalité virtuelle pour permettre des mises en situation éducatives variées mais moins risquées et potentiellement difficiles pour les jeunes autistes accueillis.

Au Lycée privé professionnel de la Fondation, le bénéfice du distanciel pendant l’épisode de « l’école à la maison » a été encore plus parlant. Déjà bien avancé en solutions numériques et s’étant organisé contre les décrochages grâce à une équipe spécialement dédiée, il a réussi à conserver 96 % de ses élèves à distance. Et il ne s’agissait pas d’une continuité pédagogique a minima : son taux de réussite au bac a été de 98 %, avec 104 mentions sur 143 candidats.

Elève du Lycée privé professionnel de la Fondation en distanciel

Accompagnement bénévole et maintien du lien social : des alternatives positives

L’Atelier, qui accompagne des personnes touchées par le cancer, est un autre exemple d’établissement de la Fondation ayant dû fermer, mais qui a réussi à maintenir le lien avec ses publics. Pour continuer à leur offrir du mieux-être, un grand nombre des bénévoles intervenant habituellement dans la structure s’est mobilisé pour proposer des solutions à distance. Celles-ci ont permis d’atteindre des personnes qui ne se déplaçaient pas habituellement à L’Atelier et seront sans doute développées hors confinement pour s’adresser aussi aux publics dans l’incapacité temporaire ou définitive de se déplacer.

Dans les établissements restés ouverts, diverses initiatives en distanciel ont également été imaginées pour les publics accueillis, en particulier pour préserver le lien social : un robot de télémédecine reconverti en outil de communication patient-famille à l’Hôpital Forcilles ; des communications via tablette à l’EHPAD, etc.

La poursuite de rendez-vous solidaires, malgré la distanciation

Durant tout le mois d’octobre, cinq établissements de la Fondation, dont les quatre hôpitaux, ont contribué ensemble à l’événement annuel Octobre Rose centré sur la lutte contre le cancer du sein. La Fondation avait notamment opté pour des webinars à destination du grand public et des rendez-vous en visio-conférence à destination des médecins et soignants. Une grande première, et un vecteur de sensibilisation important pour les spécialistes qui souhaitaient diffuser leurs messages : plusieurs rendez-vous se sont greffés en surplus du programme initial.

 

 

Autre exemple d’initiative particulièrement réussie en distanciel : la Journée de la communauté du Prix Fondation Cognacq-Jay 2020, qui a eu lieu le 6 octobre autour du thème « L’essor des pratiques numériques dans le monde associatif, social et solidaire ». En plus d’éviter à des porteurs de projets éloignés de Paris de se déplacer pour y assister, l’événement en visio-conférence a permis de documenter davantage cette question du numérique au service des missions solidaires, par le biais d’enregistrements ou de présentations faites par les différents intervenants, sur des aspects légaux, de gouvernance, de ressources mobilisables, etc. De la théorie aux pratiques, quel sera demain l’apport du distanciel, et plus largement du numérique ? Ce qui est certain, c’est qu’il ne sera pas neutre, et que les acteurs de la solidarité sont nombreux à phosphorer sur cette nouvelle donne, et en premier lieu l’organisateur de cet événement, le laboratoire des solidarités de la Fondation, qui est en quelque sorte sa structure de recherche et développement.

Une transition numérique à enjeux sensibles

La crise sanitaire a permis d’expérimenter des solutions inédites, certes sur le tas et dans l’urgence, mais aussi d’alimenter la réflexion sur l’importance des complémentarités possibles entre présentiel et distanciel. Bien sûr, il reste des freins à décoincer, sur les difficultés d’accès ou d’usage de la technologie, qui fragilisent encore plus les personnes vulnérables, ou sur les moyens de préserver un lien social de qualité, l’adaptation des outils, la montée en compétences des professionnels et des usagers, la sécurisation des échanges, le financement des projets numériques, etc. Et puis, l’on sait que les outils numériques sont potentiellement autant source d’aliénation que d’émancipation : quel en sera le prix tant pour l’humain sociable que pour la vie sociale ? Pour cela, comme pour la contamination virale : restons vigilants !